6 jours de marche à pied, ça use, ça use…


Après nous être remis en jambe dans l’Isalo, nous souhaitons poursuivre l’aventure. Si cela se goupille bien, nous essayerons d’aller marcher dans le massif de l’Andringitra, moins touristique, plus nature…

- Ambalavao : après une petite arnaque du rabatteur de taxi-brousse (normal!), nous entrons dans le territoire des Betsileos (une autre ethnie malgache) et arrivons à Ambalavao, la ville où se tient chaque semaine le 2ème plus grand marché aux zébus de Madagascar. Le jour même, nous négocions un trek dans le massif de l’Andringitra et nous laissons même tenter par une autre aventure qui nous mènera jusqu’à Manakara, chamboulant ainsi tout notre programme. Autant dire que cette fois-ci, nous sortirons des sentiers battus : au trek initial de 3 jours dans l’Andrigitra, s’ajoutent 3 jours de marche et une journée de taxi-brousse.

- Trek dans l’Andringitra et Pic Bobby (3 jours) :
Après un départ chaotique et un gros retard, nous prenons le taxi-brousse avec nos 3 coéquipières (Any, Ariane et Jane : 2 canadiennes et une américaine) et nos porteurs pour atteindre le début de la rando. Autant dire que le « trek princesse » commence sur les chapeaux de roue. Au total, 6 heures de marche et beaucoup de montées à un rythme effréné (il faut dire que nos coéquipières sont en bonne forme et habituées aux dénivelés de la Réunion). Les couacs d’organisation nous font arriver à notre campement de nuit et par un vent glacial à décorner les zébus. Nous avons du mal à nous réchauffer malgré le feu qu’alimente sans discontinuer nos porteurs. Les guides locaux et les porteurs nous préparent un succulent repas (tout comme les piroguiers, ils se révèlent être d’excellents cuisiniers). Nous prenons également conscience de notre impact sur l’économie locale puisque pour 5 vazahas, nous avons 1 guide local, 2 guides stagiaires et 6 porteurs (rien que ça) !!! Après une nuit agitée sous la tente qui menaçait de s’envoler à cause de la tempête (nous apprendrons par la suite qu’une tempête tropicale est passée sur Madagascar, ce qui n’est pas arrivé depuis des années), nous reprenons la marche dans le crachin et le froid qui nous glacent les os… Trempés jusqu’à la moelle, nous marchons encore et encore sans pouvoir admirer le paysage. Au milieu des nuages, nos chances d’avoir un point de vue au sommet sont minces. Et pourtant, nous grimpons courageusement jusqu’au au Pic Bobby (2648 m : le 2ème sommet de Madagascar) et avons la chance d’entrapercevoir un petit peu les alentours… Un bon repas et un feu nous attendent en bas, le temps de nous réchauffer et nous sécher un peu avant de repartir pour une heure de marche. Malheureusement, les 2 jours avec nos « full-cool » collègues de marche se terminent (merci encore les filles pour cette super rencontre pleine de bonne humeur, on aurait bien partagé la suite avec vous!!!). Le soir, les guides et porteurs nous offrent une soirée pleine d’authenticité : des danses, des chants, des rires, autour du feu. On a beau ne pas toujours se comprendre à cause de la langue, cela n’empêche pas de vivre des moments extraordinaires et pleins de complicité. Au matin du 3ème jour, le sol est gelé, notre tente pleine de glace, la rivière fume, le soleil se lève sur les magnifiques roches du massif de l’Andringitra. Après les « au revoir », nous reprenons notre chemin tous les 2 : au programme, 4h de marche, 2 magnifiques cascades (le male et la femelle) au cœur de l’Andringitra et un après midi dans le village de Andramananandray (juste pour le plaisir de l’écrire!!).

- Trajet jusqu’à Manakara (4 jours) : Notre premier jour, nous l’avons passé  à marcher de vallée en vallée, au milieu de la campagne malgache, traversant les villages et les rizières, toujours avec la vue des champs en terrasse étagées à flanc de montagne. Après 7 h de marche, nous arrivons dans une famille d’accueil où nous mangeons et passons la nuit. C’est pour nous l’occasion de percevoir une nouvelle fois, la gentillesse des malgaches qui nous ont réservés un accueil des plus chaleureux. Les sourires, les rires, le partage, l’échange, le repas. Tout dans la simplicité et la retenue qui correspond tant aux malgaches.

La journée du lendemain fut, par contre, à une toute autre image. Nous nous sommes retrouver à marcher (ou plutôt courir) pendant 11h sans réussir à atteindre le lieu où nous devions passer la nuit !!! En effet, notre guide avait vu beaucoup trop large en acceptant de raccourcir le trek d’un jour (sans à aucun moment nous évoquer la difficulté du parcours). Cela nous a un peu gâché la marche : nous avons dû traverser des rizières pieds nus dans la boue (toujours un peu stressés de nous choper un parasite ou une autre maladie), nous avons tracé dans la forêt pluviale au milieu des flaques de boue et des cours d’eau sans réellement profiter du sublime paysage. Finalement, de nuit, presque sans lumière, sur des pierres glissantes (et pas loin du ravin), une lentille en moins et un genou en vrac, nous mettons la pression à nos guides et porteurs. Nous ne pouvons plus continuer dans ses conditions au risque de nous mettre en danger ! Nous nous arrêtons dans une maison, au milieu de nul part, les trombes d’eau commencent à tomber. Nous nous réfugions à l’intérieur, gentiment accueillis par cette famille déjà à l’étroit dans cette petite cabane. Nos corps endoloris et ereintés de cette journée « folle », nous haïssons le temps d’une soirée, le guide (qui n’était même pas là pour nous accompagner) qui nous a laissé partir sans nous prévenir à aucun moment. Le revers de la médaille du « tout est possible » malgache. Nous dormons sous la tente, avec la peur de finir noyés sous le déluge et dévorés par les insectes en tout genre que compte cette forêt humide…


Notre dernier jour de marche continue dans la forêt pluviale où nous croisons tant d’hommes pieds nus ou en simple sandales chargés comme des mûles (des bidons de 40 kg de toaka gasy, rhum local) impressionnés par ces forces de la nature. Nous atteignons le village et entendons des chants qui résonnent. Un de ces instants uniques où l’émotion nous submerge. Le sentiment de paix et de bien être au fur et à mesure que l’on s’approche de l’église. Un cadeau dont nous profitons pleinement, d’autant plus après notre dure journée de la veille. Tous ces malgaches vêtus de blanc pour la messe du dimanche : des plus petits enfants aux plus anciens. Pour clore cet instant magique : les anciens du village viennent tour à tour nous saluer d’un « salame a topko » chaleureux et sincère. Quel enchantement !  La journée (8 h de marche pour une journée sensée être « tranquille Emile » selon notre guide « détesté ») se finit « sur les genoux » et avec qq séquelles : une belle tendinite du genou pour Laure, des ampoules, des courbatures aux épaules (après avoir porté un sac à dos de 15 kilos 7h durant en moyenne par jour pour Simon). On ne compte plus les piqures d’insectes. Vivement qu’on se repose ! Le soir, nous sommes accueillis chaleureusement par des amis de la famille du porteur : apéro, partie de dominos, dégustation de spécialités… C’est pour tous ces  moments que nous sommes ravis de sortir des sentiers battus et d’avoir du temps pour visiter ce pays extraordinaire.

Nous sommes ravis de faire une journée de taxi-brousse pour reposer nos corps fatigués. Que dis-je : de CAMION-brousse !!! La nuance paraît faible mais elle a son importance ! Le guide (toujours le même) nous ayant parlé de taxi-brousse, nous nous attendions à un petit trajet tranquille de 3 ou 4 heures ! C’était sans compter que nous voyagerions dans un camion-brousse. Au programme des festivités : pas de possibilité de passer la seconde vitesse (tout en première), des ponts de bois détruits par les cyclones et non entretenus (qui ont obligés les mecs du camion à reconstruire les ponts avec qq planches de bois et les récupérer après chaque passage pour le pont suivant), un embourbement (obligation de retirer ce qu’il reste de bitume de l’ancienne route pour mettre sous les roues du camion), traversée du bac à la force des bras(grâce à une corde)… Bref, 8 h de route avant d’apprendre que ce n’est pas vraiment un camion-brousse (il n’est pas autorisé à prendre des passagers) et que nous devons changer de véhicule pour faire les 30 derniers km !

Nous retiendrons de cette superbe aventure la solidarité malgache : quoi qu’il arrive, la porte est toujours ouverte pour les personnes en détresse, une main est toujours tendue pour apporter une aide. Une grande leçon d’humilité…

Pour les photos, c’est ici.

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