Nous ne regarderons plus jamais les reportages animaliers comme avant…

Après un mois sans de nouvelles, nous voici de retour pour vous faire part de nos aventures namibiennes.

Après un départ déjà nostalgique de Tananarive le dimanche 1er Juillet, nous restons sur l’île Maurice le temps de notre escale de 2 jours avant de rejoindre le continent africain. Après quelques hésitations à visiter un peu l’île, nous avons décidé de rester dans notre chambre d’hôtes pour mettre à jour le blog et les photos (comme vous avez pu le constater le mois dernier). Mais bon, il faut l’avouer, le jardin avec vue sur le lagon n’est pas un lieu si désagréable pour passer une journée de transit. Nous avons donc profité du soleil et d’une petite plongée et fait nos élèves assidus, accrochés à notre ordinateur.

Le 3 juillet, après une simple escale d’une heure à l’aéroport de Johannesburg, nous débarquons (et le terme est à prendre autant au sens propre qu’au figuré) à Windhoek (prononcé vinedouhouk en Afrikaner), capitale de la Namibie. Et qui dit changement de pays, dit réadaptation : résultat, il faut tout reprendre à zéro mais nos réflexes malgaches sont encore bien présents !!! A peine arrivés à l’aéroport, un taxi nous propose de nous emmener en ville. Rodés, nous refusons d’emblée, le temps de faire le tour de l’aéroport et de trouver un transport en commun (à priori moins cher). Après 10 minutes de recherche et notre taximan qui nous regarde faire avec un regard un peu perplexe, nous nous apercevons qu’il n’y a effectivement pas de transport en commun pour aller en ville. Il n’y a que des taxis privatifs ou des locations de voitures au départ de l’aéroport. Nous acceptons, perplexes, mais ne voulant pas nous faire arnaquer, nous commençons à négocier le prix… Mais, nous sommes très vite coupés dans notre élan : pas de négociation possible, 28 euros, c’est le prix fixe pour le centre ville… Le taximan semble désabusé. Résignés, nous acceptons le tarif élevé et prenons conscience que nous devons peut être revoir notre vision de l’Afrique. En effet, ici, on est en Occident. La capitale paraît au premier abord, propre, routes goudronnées, buildings, parcs avec pelouse coupée rase, des gens qui flânent, qui marchent devant les vitrines (oui nous disons bien, vitrines, choses que nous n’avions pas vu depuis 2 mois)… Et pour finir, l’aéroport se trouvant à 40 km de la capitale, cela ne paraît pas si excessif pour un taxi privatif. Nous commençons juste à confirmer ce que nous avions un peu anticipé, ce pays risque bien d’être le plus cher de notre périple.

C’est pour cela que nous avions prévu de partager la location du 4×4. Heureusement, quelques jours après notre arrivée à Madagascar, nous avions reçu une réponse à notre annonce internet d’un couple franco-slovène qui avait les mêmes attentes et les mêmes dates de voyage que nous. L’occasion pour nous de faire une nouvelle rencontre, de partager notre voyage pendant 3 semaines avec des inconnus et de diminuer le coup d’une location totalement exorbitante !!! Quelle belle aventure en perspective !!! Comme indiqué plus haut, nous débarquons à Windhoek à 15h sans guide sur lequel nous appuyer, sans point de chute pour la nuit, bref, complètement à l’arrache. Notre seul but, retrouver nos futurs covoitureurs, Patrick et Petra, à 15h au Zoo Park. Heureusement, nous les trouvons très facilement et eux, étant sur place depuis quelques jours, nous aident un peu à nous organiser pour la soirée, en plus de s’être occupés de tous les préparatifs préalables ( trouver une agence de location pour le 4×4, réserver les quelques campings souvent pris d’assaut en haute saison…). Nous discutons un peu du planning des prochains jours : l’idée, c’est de filer directement vers le Nord, direction le parc national d’Etosha, dans lequel nous passerons un peu plus de 3 jours.

Notre première nuit dans une guesthouse nous fait prendre conscience du changement de pays. Elle est tenu par une allemande, dans les chambres, on entend beaucoup parler allemand. La maison ressemble plus à une maison américaine, grande, de plein pied, avec barbecue en brique sur la terrasse et panier de basket-ball dans la cour. Le tout est bien protégé par un mur surmonté de fil électrique et d’une barrière imposante avec gardien. Le temps d’un achat dans le supermarché du coin confirme nos premières impressions : tout le monde se déplace en voiture, on ne voit personne dans les rues, les trottoirs sont vides, il n’y a pas un bruit. Madagascar et son agitation permanente nous semblent déjà bien loin !!!

Le lendemain, nous démarrons sur les chapeaux de roues puisque nos objectifs du jour sont les suivants : retrouver Petra et Patrick, récupérer la voiture, faire les courses pour plusieurs jours et faire 450 km pour arriver à Etosha et le tout, avant le coucher de soleil soit 17h30 !!! Autant dire qu’il ne va pas falloir chômer. Pour plus d’efficacité, nous partageons les tâches. Les filles font les courses pendant que les garçons vont chercher la voiture (normal.. ?). Après les formalités administratives, l’inspection du 4×4 comme il se doit, vient le temps d’apprendre un peu sur la mécanique (le niveau des liquides, la pression des pneus à surveiller, la conduite à tenir dans le sable, le crique pour le changement de roue, LES roues de secours, les courroies de rechange, la batterie de rechange, l’utilisation du mode 4×4, 4H, 4L, les 2 réservoirs d’essence de 60 et 80L chacun…). Je réalise, un peu, qu’un 4×4 n’est pas une voiture comme les autres. Puis, vient le temps du camping : en effet, nous avons 2 tentes fixées sur le toit dépliables et pliables en 10 min quand on est en forme !! Tout le matériel est fourni, duvets, matelas, malle pour les couverts, butagaz, table, chaises et frigo !! Nous voilà donc prêts à partir. Il ne reste plus qu’à assimiler… la conduite à gauche. Il faut surtout perdre des réflexes !! Tourner au bon endroit, prendre la rue dans le bon sens, changer les vitesses avec l’autre main !!! Heureusement la Namibie n’est pas le pays le plus dense en terme de circulation routière, ce qui nous permet de nous familiariser doucement avec la voiture!!

Nous partons donc pour Etosha, un des parcs nationaux de Namibie, réputé pour ses animaux sauvages. A nous le safari « ourselves » !!! La route se révèle surprenante et magnifique. A perte de vue, une ligne droite de bitume, presque sans virage, suivant les monts et vallées imposés par le relief local. Nous découvrons un paysage plutôt sec, la savane telle qu’on se l’imagine, herbe haute, jaunie par le soleil et la sécheresse, ponctuée d’arbres denses mais pourtant peu feuillus aplatis sur le dessus comme écrasés par la chaleur. Il nous manque juste la tête d’un lion tapi dans les herbes pour finaliser le tableau !!! Durant le trajet, nous longeons sur des dizaines kilomètres des enclos délimitant les fermes des farmers Afrikaners laissant imaginer l’espace disponible pour leur élevage de bovins. Les enclos sont ponctués de monticules impressionnants liés à une activité intensive de colonies de termites. Le tout donnant l’aspect de pyramide un peu bancale de plus de 2 mètres de haut. Nous découvrons également des panneaux de signalisation peu communs dans notre pays natal puisqu’ils nous signalent la possible présence de phacochères !! En effet, ceux-ci se révèlent très présents le long de la route, seul en couple, en famille. Les premières photos déferlent avant même d’être arrivés dans le parc, ça promet !!!

La journée avance et Etosha nous ouvre ses portes puisque, comme convenu, nous arrivons avant le coucher du soleil !!! Pour atteindre le camping, il reste 5 kilomètres à faire. L’excitation est à son comble lorsque nous voyons nos premiers animaux sauvages. Au programme : springboks, oryx, zèbres mais surtout deux girafes et même un éléphant. Autant dire que nous nous arrêtons souvent, et que nos derniers kilomètres en sont considérablement ralentis. Une fois les formalités administratives gérées, nous nous installons dans le camping. Nous découvrons le camping en mode « sud-africain », un bel emplacement spacieux, un coin pour le feu, un point d’eau, une lumière et notre matériel (2 tentes sur le toit) fait pâle figure à coté de certains : double tentes communicantes minimum, tapis de sol pour le coin salle à manger de 4 mètres sur 4 minimum, ou encore une remorque qui fait cuisine, bar, réserve de bouffe… Chacun dispose d’un feu particulièrement imposant pour se réchauffer d’une part, mais aussi faire griller la viande comme il se doit.

A peine arrivés, nous nous empressons d’aller à notre premier « waterhole » (plan d’eau). Le parc étant situé dans une région très sèche, chaque plan d’eau est l’occasion de multiplier ses chances d’apercevoir les animaux sauvages qui viennent s’y désaltérer. Nous nous posons donc sur un banc, comme la 50aine de personnes qui sont déjà présentes et passons facilement 1 à 2 heures à regarder le va-et-vient de tous ces animaux. Nous assistons par la même occasion à notre premier coucher de soleil namibien.
Les couleurs du soir sont magnifiques, un dégradé du bleu au rouge flamboyant en passant par le orange. L’horizon est coupée par une forêt d’arbres qui nous donne l’aspect d’ombres
chinoises. La nuit tombe et les projecteurs installés nous permettent de voir le bal continuer. L’ambiance est impressionnante, tout le monde chuchote, assis à regarder la vie sauvage comme dans son canapé devant « National Geographic »  à la télé, sauf que cette fois-ci c’est la réalité…

Durant cette soirée, nous réalisons également combien, dans la réalité, la survie et surtout le temps reprend ses droits. C’est comme-ci le temps s’arrêtait. Quand un animal arrive au point d’eau, son pas est lent, attentif (pour éviter les attaques de prédateurs), toujours aux aguets. L’approche de l’eau peut durer plusieurs minutes entrecoupées de longs temps de pause. Le temps n’est pas important pour une vie préservée. Nous verrons donc une nouvelle fois des zèbres, des oryx, des springboks, mais aussi 4 éléphants se réhydratant grâce à leur trompe qu’ils portent maladroitement à leur bouche et des girafes obligées de réaliser une belle révérence pour atteindre péniblement l’eau. Enfin, un bébé rhinocéros fait son apparition en fin de soirée.

La magie opère sans problème, nous avons même parfois du mal à réaliser que nous sommes là, ou qu’ils sont là devant nous !!

La réalité nous rattrape rapidement car nous découvrons également la fraîcheur des nuits caractéristiques de l’hiver austral. Nous sommes presque dans un climat désertique. La journée se révèle chaude, ensoleillée et sèche, alors que la nuit est froide, très froide, étoilée et toujours extrêmement sèche. Après un premier repas du soir dans le froid et une première journée intense partagée avec nos nouveaux compagnons de voyage, nous nous couchons des animaux pleins les yeux et pleins le tête.

Au total, nous passerons 3 jours et demi et 3 nuits dans le parc d’Etosha à vivre au rythme du soleil puisque les campements ouvrent leurs portes au lever du soleil et les ferment à son coucher. Nous nous promenons dans le 4×4 le plan d’eau en plan d’eau, sortes de petits oasis dans la savane où la vie bat son plein et où nous pouvons tranquillement observer le va-et-vient continu des animaux.

Il est interdit de sortir du véhicule en dehors des endroits indiqués, règle bien évidemment transgressée par certains touristes qui se croient en droit de faire ce qu’ils veulent pour obtenir la plus belle photo au dépends bien souvent de la tranquillité des animaux mais aussi de tous les concepts de base de sécurité.

Parce qu’il serait barbant pour tout le monde de détailler chaque animal vu quel jour, voici les rencontres que nous retiendrons particulièrement de ce séjour à Etosha :

  • le ballet des zèbres, des kudus, des oryx, des springboks ou encore des gnous autour des points d’eau alors que nous prenions nos petits-déjeuners dans la voiture,

  • la variété d’oiseaux aux couleurs chatoyantes souvent perchés au sommet des mopanes ou des acacias asséchés,

  • les sauts bondissants des springboks tels des enfants s’amusant sur des trampolines,

  • la course des girafes donnant l’impression de films au ralenti avec leurs mouvements si amples et allongés,

  • le troupeau d’une vingtaine d’éléphants et d’éléphanteaux mangeant tranquillement en bord de route les herbes hautes sans nous prêter attention (autant dire qu’à la vue de ces géants se déplaçant d’un pas lourd et ralenti, nous nous sentons très petits et vulnérables),

  • ce que nous avons surnommé, la « forêt de girafes », composée d’une 15aine de spécimens grignotant tranquillement, entre les épines, les petites fleurs jaunes d’acacias,

  • la « transhumance des zèbres » défilant un à un devant la voiture en direction du point d’eau le plus proche nous offrant un spectacle extraordinaire particulièrement émouvant,

  • notre premier lion, entouré de ses 4 lionnes, que nous avons observé pendant quasiment 2 heures sans bouger pour les voir vivre leur vie de pa(s)cha (t)  et qui, finalement, nous ont fait le plaisir de passer à 3 mètres de notre voiture pour un shooting photo défiant toute loi du raisonnable,

  • notre dernière rencontre avec les lionnes, situées en bord de route ( à à peine 5 mètres de la voiture) dans les herbes hautes, surveillant au loin les agissements des troupeaux de gnous et de springboks.


Nous retiendrons également :

  • l’une des nuits les plus froides de Namibie à Okaukuejo, au point de nous réveiller en pleine nuit, le ciel scintillant d’étoiles sans aucun nuage et au loin, le barrissement de quelques éléphants prenant leur bain au point d’eau,

  • le fort de Namutoni, d’époque coloniale allemande, très bien conservé et bien réhabilité en restaurant, bar, boutiques souvenirs dans la cour intérieur de notre 2ème campement,

  • et enfin, les paysages aux couleurs envoûtantes et si particulières: parmi lesquels, la savane avec ses herbes jaunies et ses arbres argentés dénudés de toutes feuilles qui contrastent sur le ciel gris, le Pan asséché qui forme une vaste étendue blanche (liée au dépôt de sédiments asséchés) à perte de vue nous donnant une impression de fin du monde, et enfin, ces points d’eau, véritables oasis de fraîcheur et de verdure mais surtout de vie.

Nous quittons finalement Etosha des images pleins la tête (et plein les cartes mémoires), et partons pour une autre aventure, la région de Kunene au Nord-ouest de la Namibie où d’autres rencontres nous attendent…

Par ici les photos 

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