Padum, Padum, Padum… Une journée d’anniversaire pas comme les autres

Parce que je tenais à vous remercier sincèrement pour vos pensées particulières (même si c’est avec beaucoup de retard), je vous écris à tous un petit article pour partager avec vous ce moment très personnel, cette journée pas comme les autres. Fêter son anniversaire dans des endroits toujours différents, c’est ma spécialité et le lot de la plupart des personnes qui sont nés pendant les grandes vacances. Ca a commencé toute petite (merci les parents) et pour mes 27 ans, j’ai remis ça !

La contrepartie, c’est que tout le monde est toujours éparpillé aux 4 coins de la France ou de la planète pour les plus téméraires… Alors oui, la première chose que je tenais à vous dire, c’est que vous m’avez manqué en cette journée d’anniversaire ! J’aurai aimé vous avoir tous avec moi et vous allez le voir, vous ne vous seriez pas ennuyés !!!

Alors, comment on fait pour passer une super journée d’anniversaire quand on n’a pas d’internet pour recevoir les messages de sa famille et de ses amis et qu’on se trouve à l’autre bout de la planète ? Finalement, ce n’est pas si compliqué. Il faut d’abord réunir les ingrédients suivants :

  • un chéri attentionné. Heureusement, je l’avais dans mes bagages !

  • un chauffeur sympa

  • des moines sympathiques dont un cancre de la puja (l’équivalent d’une « messe » bouddhique) qui ne parle pas un mot d’anglais

  • un cadre a couper le souffle (même si on doit en garder un peu pour éteindre les bougies)

  • des Zanskaris complètement étrangers au concept de surprise mais terriblement attentionnés

  • des messages et pensées de proches qui attendent dans votre boîte mail (et que je recevrais avec un mois de retard :merci encore!!!)

Emotion et souvenirs impérissables garantis !

Notre journée commence, assez classiquement, par un petit-déjeuner à l’hôtel. Aujourd’hui, il est prévu que nous visitions les environs de Padum, notre ville-étape avant de partir en trek dans la vallée de Lungnak. Un chauffeur nous attend et quelle sympathique surprise nous avons quand nous voyons qu’il nous explique pleins de choses sur les lieux et la vie locale. Enfin, notre curiosité et notre soif d’apprendre sont contentées par les commentaires de notre « guide ». C’est un véritable plaisir qui nous attend au premier gompa (monastère) de Karsha.

Il s’agit d’un monastère construit à même la falaise qui donne un point de vue magnifique sur la vallée et ses champs d’orge ; des teintes allant du doré au vert franc, s’accordant harmonieusement pour former une jolie mosaïque parsemée de shorten dont la blancheur tranche esthétiquement avec le reste de la fresque. 

Aujourd’hui, c’est décidé, je me fais un « devoir » de tourner chaque moulin de prière rencontré sur mon passage pour disperser maintes et maintes prières au grè du vent. J’espère qu’elles arriveront jusqu’à vous malgré la hauteur des sommets qui nous entourent. Après un moment apaisant dans ce monastère, nous retrouvons notre chauffeur pour de nouvelles explications et nous dirigeons vers Stongde Gompa.

Niché en haut d’une montagne, la vue du monastère est tout simplement à couper le souffle. Les plaines de Padum et de ses alentours s’étendent sous nos pieds, immenses et à la fois minuscules au milieu de ces sommets majestueux. Quel lieu extraordinaire !
Nous nous installons donc à l’ombre d’un préau, dans la cour du monastère, dans cette ambiance paisible. Je commence à sortir mon aquarelle le temps d’un petit dessin et instantanément ou presque, quelques moines curieux s’approchent. L’un d’eux s’approche en me faisant un « non » de la tête comme si je faisais quelque chose d’interdit. Aussitôt, penaude, je commence à fermer mon carnet me disant qu’il ne doit pas être autorisé de dessiner un lieu sacré. Mais le moine m’indique de continuer. Un peu décontenancée, je continue donc mon dessin attentive aux réactions éventuelles des autres moines. Pendant que je crayonne, Simon sort un peu de lecture sur le Ladakh et le même moine, intrigué, regarde les photos sur les pages qui se tournent. L’une en particulier attire son attention. Il se met alors à nous faire des gestes incompréhensibles en nous montrant une photo en particulier. Evidemment, il ne parle pas un mot d’anglais et nous restons un peu perplexes devant ses gesticulations. Finalement, par mime, il indique à Simon de le suivre pendant que je continue mon dessin.

Durant l’absence de Simon, un autre moine s’approche et semble beaucoup apprécier mon coup de crayon, il me sert un chai (thé au lait) à savourer le temps de réaliser mon croquis… Enfin c’est ce que je pensais… Quelle ne fut pas ma surprise quand en prenant une première lampée de thé, je m’aperçois qu’il s’agit d’un breuvage salé et surtout extrêmement gras. Je goûtais mon premier « butter tea » en pensant déjà à la manière dont j’allais pouvoir terminer ce « nectar » indigeste.

Les minutes passent et Simon revient tout sourire avec le moine à l’air malicieux avec des petites graines noires dans une main et une bague dans l’autre. Voilà des présents inattendus pour mon anniversaire… Les graines se révèlent être (selon nos extrapolations) des symboles de fertilité que le dalaï lama aurait donné au moine lors d’une précédente rencontre. Devant l’insistance du moine, nous avalons tous les deux ces « pilules » un peu soucieux de leur effet sur notre santé (mais bon, rassurez vous, nous sommes toujours vivants!!!). Quant à la bague, je n’ai pas le temps de savoir d’où elle sort que Simon est emmené « de force » (ou presque) dans le temple pour la puja. Je le suis quelques minutes plus tard, délaissant mon dessin, intriguée par le son des prières lancinantes, des cloches et des gongs provenant de la salle de cérémonie. J’entre discrètement et m’assied à côté de Simon (qui est lui même se trouve à côté du moine malicieux) au fond de la salle pour écouter les quelques moines entonner leurs prières, agiter le « sceptre » et la cloche ou encore frapper le gong et ce de manière parfaitement coordonnée. 

Nous nous retenons de ne pas trop rire quand notre voisin s’endort pendant la puja, de manière régulière au milieu d’un « om mane padme hum », reprenant où il s’était arrêté à chacun de ses réveils. Nous rions discrètement devant le cinéma de notre moine malicieux, et il faut l’avouer un peu cancre, avec l’apprenti moine qui a pour rôle de s’assurer que les tasses de butter tea (des moines mais aussi des invités) soient toujours bien remplies à ras bord. En Inde, vu qu’il faut refuser au moins 2 ou 3 fois pour chaque demande, je suis obligée d’enchaîner les refus si je veux espérer ne serait ce que finir ma tasse de ce breuvage qui commence à me donner des haut-le-coeur.

Bref, un bon moment passé entre profond respect de cette cérémonie bouddhiste et hilarité provoquée par notre moine « dernier de la classe » et ses pitreries. 

Après la puja, nous retournons dans la cour pour dessiner et lézarder. Les moines nous offrent à manger pour le déjeuner de manière naturelle, nous prouvant une nouvelle fois la générosité des zanskaris. Nous passons un bout de l’après-midi au milieu des moines qui s’agglutinent autour de mon dessin et du livre que lit Simon sur le Ladakh. Nous profitons également de la vue splendide (Sophie, je crois que c’était ton défi, nous y avons trouvé les toilettes les plus insolites ou plutôt les mieux placées de notre voyage : la preuve en image) sur la vallée de Padum et les montagnes aux alentours. L’instant est magique : ce monastère mystique, ce paysage fabuleux, ce moment authentique avec les moines et en cadeau, une nouvelle bague qui me rappellera tous ces bons moments.

J’apprendrais que Simon a été obligée de la négocier avec le moine qui l’a sorti d’une cachette de son plafond et le tout sans parler un mot de la même langue ni d’anglais. Quel fou rire !!! Sans compter que le moine, farceur à ses heures perdues, attire Simon et veut me faire croire qu’il est reparti avec notre taxi en me laissant ici seule (toujours sans un mot d’anglais). Je vous laisse imaginer l’instant.

Nous repartons vers Padum, totalement sous le charme de ce monastère et de ces moines sympathiques et souriants et retournons à l’hôtel. Pour le soir, Simon m’avait organisé une petite surprise. La veille, il avait demandé si c’était possible de mettre une bougie sur un plat juste pour marquer le coup et s’était retrouvé à devoir écrire mon nom pour que l’hôtel puisse le faire écrire sur un gâteau. Dans l’après-midi, un membre de l’hôtel passe dans la chambre et confirme (en ma présence bien évidemment) que c’est bon pour le gâteau pour ce soir. La veille au soir, j’avais feint de ne rien entendre ni rien voir quand il avait tendu le papier avec mon prénom à Simon, mais là impossible ; surtout quand quelques minutes plus tard, il revient en demandant combien de bougies il faut sur le gâteau (rires) ! J’attends donc avec impatience mon gâteau d’anniversaire…

Et je ne fut pas déçue lorsqu’un énorme gâteau recouvert de crème (et qui aurait pu nourrir un régiment) arriva… avant le plat de résistance ! Surprise… (oui oui vous avez bien remarqué, c’est bien écrit, HAPPY BIRTHDAY TO LURENCE malgré que Simon ce soit appliqué à écrire mon nom en majuscule sur un morceau de papier).

Je souffle mes bougies avant même d’avoir dégusté mes momos (ptit clin d’oeil pour toi Maman, l’un des plats tibétains les plus connus et que j’ai préféré s’appellent des momos, il s’agit de genre de ravioles). Notre guide m’offre de manière très touchante un katak (écharpe de bienvenue, de respect…) et Simon m’offrira, un peu plus tard, une superbe parure de bijoux en turquoise mi-namibienne, mi-tibétaine.


 

Autant dire que je me souviendrais longtemps du jour de mes 27 ans à l’autre bout du monde, perdue au milieu des montages. J’espère que cette journée vous a plu autant qu’à moi, il s’agit d’un petit aperçu de notre aventure indienne, mais bientôt la suite sur le blog !!! 

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